1. |
Vocifère
03:35
|
|
||
C'est ta traine de peine qui prend la poussière,
Il faudra bien que tu désaltères ton hémisphère.
Là où croit le désert, où tu nourris la haine de poudre délétère,
Observe qu'en arrière, le chant des corbeaux qui vocifèrent
Articule la scène où se joue la complainte de tes hontes, de tes craintes.
Il faudra bien que tu serres le poing.
Dis-moi combien d’appels devrais-je prononcer avant que l'écho de mes cris ne te parvienne dans la nuit ?
Combien de corridors vides à traverser, noyé dans mes pensées ?
Combien de fontaines me faudra-t-il vider, pour épancher ma soif de vie ?
Combien d'énigmes devrais-je résoudre pour ne contempler dans tes yeux que l’étendue de mon ignorance ?
Combien de certitudes accumulées, de doutes à lever, de portes à ouvrir ? A s'aveugler, brûler la chandelle.
Combien de mensonges, d'idoles déchues et cependant y croire à nouveau ?
Combien de mains tendues vers l'autre, pour ne sentir que ton absence ?
Combien d’offenses mon désir agonisant supportera-t-il ?
Dis-moi combien de gouffres menaçants me faudra-t-il franchir ?
Et se relever, toujours et encore, la même rage au ventre. S’obstiner inlassablement.
Combien de combats à livrer contre ces fantômes du passé ?
Combien d'échecs à assumer, d'histoires à finir ?
Dis-moi combien de visages, de corps que je ne saurais étreindre ?
Gardant en souvenir cette saveur amère, et une sécheresse au cœur.
Dis-moi combien.
|
||||
2. |
Sur tes Doigts
04:52
|
|
||
Comme une journée pressée où chevaux et marais coagulent,
Pendant que tu recules jusqu'à la ligne qui marque à vie,
Événement sans gant ni thérapie.
Comme une liasse d'heures, où la grâce a perdu son reflet des premières heures.
Tu savoures ce quart d'heure, c'est ton quatre-heures de la récré.
Quand tu savais encore compter sur tes doigts, sans regarder autour de toi.
Où que tu ailles, tu comptes sur tes doigts.
Où que tu ailles, ne compte pas sur moi.
|
||||
3. |
La rue Joseph Delteil
03:25
|
|
||
C'est un chemin sinueux, dit-elle
Qu'un parchemin rendrait merveille
Une vue du ciel, courbe étincelle
C'est un chemin sans fin, dit-elle.
On l'appelait la rue Joseph Delteil
Ça sentait le vieux goudron et le chien
On y perdait la fleur, l'or et le miel
On s'y sentait comme contre un sein.
|
||||
4. |
Le Sommeil
04:20
|
|
||
Un seul espoir que tard le soir... faut-il prendre tant le temps ?
Au fond du souffle doucement, au fond du souffle prudemment, faut-il prendre tant le temps ?
Sous les paupières évidemment, ça tremble encore ça sous-entend, faut-il prendre tant le temps ?
Chercher le sommeil, enfin s'éteindre
Trouver le sommeil, enfin rejoindre
Le temps s'entend, j'entends
C'est un silence bruissant, bruyant, plaisant.
|
||||
5. |
L'Invisible
03:54
|
|
||
Je suis le remède qui guérit ton mal.
Je suis l’espace remplissant le vide.
Je suis la rencontre au terme de l’attente.
Je suis l’éclaircie dans ton ciel de plomb.
Je suis la loi qui ordonne ton chaos.
Je suis le marteau qui brise tes chaînes.
Je suis l’accalmie au cœur de la tempête.
Je suis la drogue qui calme ta douleur.
Je suis le réconfort entre deux sanglots.
Je suis la lanterne qui éclaire ta route.
Je suis le refuge dans ton désespoir.
Je suis l’oasis au milieu du désert.
Je suis l’invisible,
Wer bist du denn ?
Je suis l’invisible, caché dans les moindres replis.
Je suis l’invisible et pourtant omniprésent.
Je suis l’invisible, je reviens hanter tes nuits.
Je suis l’invisible, jamais où tu n’m’attends.
|
||||
6. |
Dans la Tombe
05:21
|
|
||
Tu gesticules, tu vois bien que ça ne marche pas avec moi.
Tes tentacules n'arrivent pas jusqu'au bout de mes doigts.
Ton œil de tubercule ne me voit pas car je ne suis pas là.
Si tu recules, tu verras bien que je suis derrière toi.
Je suis ton ombre, tu voulais m'attraper - combien de fois ?
Ne compte plus, demande-toi plutôt vers où tu vas.
Je te suivrai, je te préviens ne te retourne pas.
Je n'y suis pas, je n'y serai jamais sauf une fois.
Dans la tombe silencieuse et sombre,
Nous serons l'un sur l'autre, tu pourras me serrer dans tes bras.
Enfin.
|
||||
7. |
Le Seuil
03:05
|
|
||
Malin celui qui gardera le fil
Félin celui qui crachera la bile
Lointain celui qui cachera ses mains
Chagrin celui qui vivra clandestin.
Perdu celui qui collectionne les doutes
Reclus celui qui évite la route
tendu celui qui arbitre la joute
Déchu celui qui n'en a rien à foutre.
Usé celui qui a rendu les armes
Lavé celui qui a versé les larmes
tassé celui qui a porté le deuil
Blessé celui qui reste sur le seuil.
|
||||
8. |
Nous Autres
07:06
|
|
||
Qui l’a vu le cru de mon pion ? En étamines diluées, compressées de mortes peaux il s’est fait une butte. On a pris l’ornière nous autres les Zamiatine, à vélo Raleigh à jantes pleines, on a glissé nos pêches dans le trou, on a concassé le poil en gilet vert, on a bandé nos roues arrières, paires de pieds, lancés les rayons de nos cons en doigts. Qui l’a vu le cru de mon pion ?
Il fallait suivre le 'tiôt, grand souffle d’Arabie, sans perdre la seconde. Nous-mêmes avions la force au cul, portant le poids de nos survêtements sur la pédale blessante. J’étais je me souviens le type au nerf souriant, jeunôt timide et plein de sueur en culotte, dont la force résidait en silence dans les sœurs pulmonaires. Il fallait le suivre, putain le 'tiôt !
Combien de croûtes, combien, on aurait fait des quiches pour les Jéhovah si on avait su. C’est qu’il y avait du fer doré pour la rêche, et des clins d’œil salaces. Nous autres les Zamiatine avions pris l’ornière et de l’élan. On savait l’envol prochain, déjà les cuisses prenaient de la braise. Les fesses quittèrent les selles. Combien, combien de croûtes.
Enfin le 'tiôt disparaissait dans les hauteurs, faisait la figure en se tordant, que l’autre s’envolait. Puis j’y allais de mon tour de rein pour rebondir en douleur sur la terre. De là-haut, il n’y avait rien. Nous autres les Zamiatine faisions un tour de piste, ralentissant sans ordre, pour souffler sous le pin monstrueux. Les Raleigh ronronnaient. Que déjà le 'tiôt repartait.
On avait pour nous autres un circuit plein de sens. La mairie avait aéré trois pelleteuses, un terrain vague près du lavoir, et nous avait concocté un Eden de bi-cross. Ici, ni cimetière indien, ni ruine extraterrestre, mais de la terre sèche et du buisson. Et combien, combien de croûtes.
|
Streaming and Download help
If you like Tadash, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp